Bien entendu, les incendies de forêt majeurs qui ont sévi en Colombie Britannique furent le plus grand défi. « Nous avons dû gérer les retombées des incendies de cette année et dans une certaine mesure celles de l’année dernière également », déclare Mike Park, acheteur du comité national, des produits forestiers AFA Inc. Déjà, au début du mois d’août, 840 feux de forêt avaient brûlé environ 4 200 kilomètres carrés. Les incendies ont été sans précédent en ce qui concerne les dommages qu’ils ont causés et l’étendue de la zone qui a été touchée, ce qui a eu de graves répercussions sur l’industrie du bois d’œuvre.
« Aujourd’hui, les forêts de la Colombie Britannique sont très différentes de ce qu’elles étaient il y a 10 ans », explique Park. « Nous avons vu naitre beaucoup de restrictions dans l’exploitation forestière, ce qui a causé de plus grands défis et cette année nous avons également vu l’émergence de restrictions sur la production dues aux risques d’incendie. » Il ajoute : « Une grande usine de contreplaqué a dû fermer ses portes en raison du risque d’incendie, de concert avec beaucoup de scieries. »
En raison de la fermeture de l’usine de contreplaqué et de son incidence sur l’approvisionnement, les prix du cont-replaqué ont commencé de monter. En fait, dit Park, « Ils ont atteint des sommets historiques jamais vus. C’était vraiment exceptionnel et je ne pense pas que nous reverrons quelque chose comme ça dans le futur. »
Kelvin Johnston, acheteur principal chez Commodity Lumber and Panels du groupe Centres de rénovation Castle Ltée. Ajoute : « Une commande de contreplaqué qui aurait pu se vendre entre 400 $ et 500 $ se vendait soudainement pour environ 700 $. »
Les constructeurs et les entrepreneurs – qui avaient estimé les projets basés sur les prix standard des matériaux – se sont retrouvés dans une situation difficile.
« Ils se devaient être des acheteurs avisés et trouver un moyen de gagner de l’argent ou au moins trouver des alternatives », explique Park.
Cette recherche d’un plan B a entraîné une hausse des ventes des produits OSB (panneaux de lamelles orientées). « C’est un domaine qui a vraiment été touché par la situation, et je pense que le virage vers l’OSB va demeurer, du moins dans un avenir prévisible », explique Park.
Certains produits OSB améliorés sont soudainement devenus des alternatives économiques au contreplaqué. « Les revêtements de sol OSB, en particulier, ont gagné en popularité », explique Park.
Dans de nombreux marchés, les re- vêtements de sol améliorés à base de panneaux OSB sont nettement moins chers que les contreplaqués et offrent des caractéristiques intéressantes pour les entrepreneurs. « Pour une chose, vous n’avez pas à poncer les joints », explique Park. « Bien que d’autres produits OSB puissent gonfler lorsqu’ils sont mouillés, les produits OSB améliorés ne le font pas, ce qui constitue un autre très bon point. »
Johnston a également constaté un intérêt marqué pour un panneau OSB de performance. « C’est un produit haut de gamme, avec beaucoup plus de copeaux par panneau et plus de colle », explique Johnston. « C’est un carton plus lourd et de meilleure qualité, mais il a fini quand même par être moins cher que le contreplaqué lorsque le prix du contreplaqué a commencé à monter. » Il ajoute : « Maintenant que certains marchands et certains entrepreneurs l’ont essayé, je pense que certains finiront par l’adopter. »
Bien que les produits OSB améliorés ne soient pas nouveaux, de nombreux professionnels de la construction ont jusqu’à présent refusé de les utiliser.
« Il y a un noyau de constructeurs – qu’ils construisent trois ou quatre maisons personnalisées par an, ou qu’ils rénovent des maisons, qui restent coincés avec le contreplaqué parce que c’est ce que leur client veut, ou c’est ce que leur père a toujours utilisé » et n’essaieraient même pas les produits OSB », explique Park. « Ils ont été forcés de l’essayer parce que l’écart de prix était trop important pour être ignoré. » Il ajoute : « Je crois vraiment que nous verrons un changement dans la part de marché du contreplaqué à l’OSB ; cela fera une différence notable. »
En particulier, dit Park, le marché envisagera des revêtements de sol améliorés avec un esprit beaucoup plus ouvert que par le passé. « Nous constatons également des changements d’attitude à l’égard d’autres produits de panneaux OSB, y compris des produits de toiture améliorés et des panneaux OSB isolants », explique M. Park.
Les produits à base d’OSB résistants au feu gagnent également en popularité, en particulier dans les quartiers à forte densité où les maisons sont construites assez près les unes des autres. « Certaines juridictions exigent un véritable pare-feu entre les maisons », explique Park.
« Plus encore dans l’Ouest canadien que dans l’Est, mais il est très facile d’envisager que cela pourrait devenir une exigence partout. »
Malgré l’ouverture d’esprit croissante des constructeurs au sujet des produits à base de panneaux OSB, le contreplaqué conservera une part de marché solide, prédit Park. « Le contreplaqué sera toujours le premier choix du bricoleur, de même que des marchés traditionnels du contreplaqué. Il y a un aspect réconfortant, familier, connu. Il ne disparaîtra jamais. » Il ajoute : « Dans certains secteurs, il y aura un virage vers les OSB, en raison de facteurs économiques et, dans certains cas, il y aura de l’amélioration des produits. »
Les tarifs en 2018
À compter du 1er janvier 2018, la plupart des scieries paieront un tarif combiné d’un peu moins de 21% sur toutes les exportations de bois d’œuvre vers les États-Unis. Bien que cela soit en baisse par rapport aux 26,75% proposés plus tôt dans l’année, cela aura tout de même un impact important sur les affaires.
Pour le reste de l’année en cours, on s’attend à ce que les usines expédient tout ce qu’elles peuvent aux États-Unis pour éviter les tarifs de douane effectifs à partir de 2018. « D’une certaine façon, cela créera une pénurie temporaire de bois d’oeuvre au Canada. » dit Johnston. « Ce qui signifie que nos prix au Canada vont augmenter au cours des prochaines semaines, mais qu’en 2018, les usines commenceront à vendre au Canada – je suppose entre 10 et 20% – parce qu’elles préfèrent vendre dans le pays que de vendre de l’autre côté de la frontière avec les frais de douane de 21%. »
« Le chaos régnera fort probablement tout au long du printemps 2018 », a déclaré Johnston. « Mais il est à souhaiter que les choses se calment par la suite et nous aurons une année assurément plus prévisible après le mois de mars, quand les usines établiront un plan sur la façon dont elles vont transiger au Canada. »
Il y a encore un autre facteur X, cependant. « L’idée de régler les choses suppose que les États-Unis et le Canada ne signent pas un nouvel accord sur le bois d’œuvre », a déclaré M. Johnston. « Cela pourrait tout replonger dans le chaos. »
Défi: Maintenir les opérations
Et les pressions sur l’industrie, les affaires ne sont absolument plus comme à l’habitude. « L’histoire à long terme des produits forestiers dans leur ensemble, qu’il s’agisse de contreplaqué ou de bois d’œuvre, se résume à la disponibilité des rondins et la capacité d’exploiter ces scieries », explique M. Park. « C’est le grand défi de toutes les grandes industries forestières à l’heure actuelle : comment peuvent-elles maintenir leurs opérations en fonction de la quantité de bois qui leur est disponible ? »
« Je ne vois pas la situation changer », explique Park. « Peut-être que dans 100 ans, cela pourrait être différent, mais qui sait ? Je ne veux même pas spéculer. Nous sommes à l’heure actuelle dans un environnement difficile, et ce, pour tellement de raisons. »